« Ce matin, je choisirais Nathan MacKinnon, mais dans une heure et demie je pourrais bien changer d’idée et opter pour Jonathan Drouin. C’est rendu à ce point… »
Ce recruteur d’une équipe de la LNH évoluant dans l’Association de l’Ouest n’est pas le seul à éprouver des maux de tête à l’idée de devoir recommander à ses patrons l’un ou l’autre des deux jeunes prodiges des Mooseheads de Halifax.
« Avant de faire mon choix, je prendrais une Tylenol. En première ronde, j’ai toujours eu comme philosophie de repêcher le meilleur joueur disponible. Si j’avais une décision à prendre aujourd’hui, je serais mêlé », confirme un autre éclaireur à l’emploi d’un club de l’Est.
Si les dépisteurs consultés par le RDS.ca prédisent pour l’instant que MacKinnon sera sélectionné avant son coéquipier québécois au prochain repêchage de la LNH, ils n’excluent toutefois pas la possibilité que Drouin soit le premier des deux à monter sur le podium du Prudential Center, le 28 juin au New Jersey.
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Seul joueur de la Ligue canadienne de hockey (LCH) à maintenir une moyenne de deux points par match à l’heure actuelle, Drouin connaît une ascension certaine dans les différents classements des meilleurs espoirs.
Dans sa première publication dévoilée le 20 novembre dernier, la centrale de recrutement de la LNH classait Drouin au deuxième échelon, tout juste derrière MacKinnon parmi les meilleurs prospects évoluant dans la LHJMQ. Deux jours plus tard, le Red Line Report, un service de recrutement indépendant, allait encore plus loin en classant Drouin deuxième meilleur espoir au monde, derrière le défenseur Seth Jones des Winterhawks de Portland, et devant MacKinnon.
« Je me garde encore une petite gêne, mais on ne peut pas dire que Jonathan est loin derrière. Il a rétréci l’écart et ce n’est pas parce que Nathan joue mal », renchérit le dépisteur de la formation de l’Est.
Après avoir fait ses débuts dans la LHJMQ en décembre 2011, Drouin connaît un début de campagne 2012 à tout casser. Bien qu’il ait raté six rencontres des siens en raison d’une blessure à l'épaule, l’ailier gauche de 17 ans affiche une récolte de 42 points (15 buts et 27 mentions d’aide) en 21 matchs. C’est cinq points de moins que MacKinnon (22 buts et 25 passes), qui a disputé six matchs de plus.
« Il connaît une progression fulgurante. Quand il est arrivé dans la ligue l’an dernier, je me disais que ce serait un bon joueur, mais je n’avais pas d’attentes à son égard. Je l’ai ensuite vu jouer au Championnat du monde des moins de 17 ans et mes attentes ont commencé à monter. Mais cette année, c’est fulgurant », insiste le dépisteur d’une équipe de l’Ouest cité précédemment.
Deux espoirs, deux styles
Comparé à Daniel Brière, Claude Giroux, Patrick Kane et parfois même Pavel Datsyuk, Drouin a de quoi faire saliver les équipes de la LNH, tout comme MacKinnon, mais pour des raisons différentes.
« Il me fait penser à Brière au même âge, mais avec un meilleur coup de patin. Sa qualité première c’est qu’il est un fabricant de jeu hors pair. Il n’y a pas un entraîneur dans la LHJMQ qui ne parviendrait pas à lui trouver un compagnon de trio pour compléter ses jeux, analyse le recruteur.
« MacKinnon est quant à lui reconnu pour son énergie et son puissant coup de patin. Il est capable de faire des jeux, mais c’est avant tout un shooter. Il n’a pas la même intelligence que Drouin en termes de joueur, mais ça ne veut surtout pas dire qu’il n’est pas dominant. Au contraire. »
Si MacKinnon risque d’entendre son nom avant Drouin en juin prochain, les besoins des équipes de la LNH pourraient cependant dicter l’inverse.
« Ça pourrait arriver, mais je suis loin d’être certain de cela à 100 %, car MacKinnon est un joueur plus complet doté d’un coup de patin exceptionnel. De plus, il est meilleur défensivement. Présentement, je penche donc pour lui. Nathan et Jonathan ne sont toutefois pas loin l’un de l’autre. Tout dépendra de ce que les équipes recherchent », opine un autre dépisteur au service d’un club de l’Ouest.
Dissiper les doutes
Sens du hockey, vision du jeu, créativité, mais rapides et agiles… Les adjectifs ne manquent pas pour décrire le jeu du jeune attaquant québécois originaire de Sainte-Agathe. Et dire qu’il y a à peine un an, le choix de première ronde des Mooseheads (2e au total) au repêchage de 2011 hésitait encore à faire ses valises et quitter les rangs midget AAA pour Halifax.
« J’ai vraiment plus confiance en moi cette année. Je réussis des choses que je ne tentais même pas l’an dernier », signale Drouin en entrevue.
Tout a commencé lors des dernières séries, alors que Drouin, MacKinnon et le gardien Zachary Fucale, trois joueurs de 16 ans seulement, ont transporté les Mooseheads jusqu’en demi-finale. En 17 rencontres, Drouin s’était alors illustré en glanant 26 points (9 buts, 17 passes). Lors de ses 33 précédents matchs de saison régulière, il en avait amassé 29 (7 buts, 22 passes).
Près de huit mois plus tard, Drouin retient encore plus l’attention des dépisteurs.
« L’an dernier, ils doutaient peut-être un peu de mon coup de patin et de mon gabarit, mais je suis maintenant plus rapide et plus gros (5 pieds 11 pouces, 176 livres). Je suis dorénavant en mesure de remporter presque toutes les batailles dans le coin de la patinoire », souligne-t-il.
Une observation qui ne semble pas échapper aux recruteurs qui l’épient. Malgré cela, Drouin n’est pas du genre à s’emballer. Il a d’autres chats à fouetter.
« C’est certain que j’en entends parler et que je vois les classements, mais on vient à peine de conclure le mois de novembre. Juin est encore bien loin. Pour l’instant, mon objectif est de mener les Mooseheads le plus loin possible et de me tailler un poste au sein d’Équipe Canada Junior », insiste Drouin, qui a été invité lundi à participer au camp de sélection de l’équipe nationale en vue du prochain Championnat du monde.
Il n’est cependant jamais aisé pour un joueur de 17 ans de gagner un poste au sein de cette formation. Evander Kane (2009), John Tavares (2008), Steven Stamkos (2008) et Sam Gagner (2007) ont récemment réussi l'exploit. « J’ai ma place à ce tournoi-là et je compte bien le prouver », promet Drouin, convaincu.
Chose certaine, Drouin a sa place parmi les meilleurs espoirs et ses performances justifient que l’on prononce son nom et celui de MacKinnon dans la même phrase. À savoir qui aura l’avantage le soir du 28 juin, Drouin, bon joueur, refuse évidemment de se prononcer.
« On n’est pas du tout le même genre de joueur alors c’est dur de se comparer. Nathan, c’est un gars avec énormément de tempo et de vitesse, alors que moi je ralentis le jeu afin de trouver les meilleures ouvertures pour alimenter mes coéquipiers.
« Si on continue de jouer à la hauteur de notre talent, on sera tous les deux sélectionnés très tôt. Mon but, ce n’est pas de battre Nathan. »
via RDS.ca